Si chaque citoyenne et chaque citoyen de notre Terre consommait annuellement comme un habitant suisse il faudrait plus de trois planètes. Autrement dit, dès le début du mois de mai nous avons déjà consommé toute la biocapacité1 de la planète. Notre capital ressource est épuisé et nous vivons à crédit le reste de l’année. De manière très placide, les scientifiques, Greta, et les grévistes du climat nous ont rendu attentifs de l’urgence avec laquelle nous devons agir sans quoi nous nous dirigeons vers l’effondrement de notre société.
Pendant longtemps, on nous a promis monts et merveilles grâce et avec la technologie pour diminuer notre empreinte. Force est de constater que la solution ne viendra pas prioritairement de là. Un des leviers, facile à actionner est assurément le changement de nos comportements. La majorité des apiculteurs souhaitent à priori, eux aussi, participer à l’effort collectif pour endiguer la perte de biodiversité. Prendre soin des abeilles nous permet d’apporter notre pierre à l’édifice pour un environnement meilleur et pour venir en aide aux abeilles qui disparaissent. Mais faisons-nous tout juste ? Est-ce que vraiment nos activités apportent un bénéfice pour l’environnement ?
Regardons d’un peu plus près les tâches successives de l’apiculteur…
Bien (trop) souvent l’apiculteur se rend à son rucher en voiture pour s’occuper de ses colonies. Il utilise un extracteur alimenté à l’électricité qui lui permet de récolter une partie du miel. Une fois le miel extrait, l’apiculteur le laisse reposer avant de le stocker dans des pots (généralement en verre) et coiffé d’un couvercle en acier. Chacune de ces étapes (transport, récolte, emballage et conditionnement)
génère un impact où l’apiculteur peut agir à son échelle pour le réduire. Et comment font les abeilles pour récolter le miel ? Elles le font en symbiose avec la nature sans faire appel à des ressources non renouvelables ! Elles ont LA solution, en suivant leur instinct.
Elles puisent leurs matières premières (1) composées de pollen et de nectar dans les fleurs. Cette alimentation leur sert de nourriture et de carburant pour se déplacer. Stocké provisoirement dans leur estomac (jabot) pendant le transport (2), elles régurgitent le nectar directement dans le jabot d’une abeille receveuse, qui l’attend près de l’entrée du refuge. Pendant que la butineuse repart en quête
de nectar, la transformation (3) chimique commence grâce à une enzyme qu’elle produit. Une fois le nectar métamorphosé en miel, celui-ci sera stocké dans des emballages (4) de cire appelés alvéoles. Ces prismes hexagonaux sont construits grâce à l’amoncellement de petites écailles de cire produites par leurs propres glandes cirières. Une fois ces alvéoles remplies de miel, les abeilles les conditionnent
avec un opercule de cire (5). Tout ce processus se réalise sans le moindre recours à une énergie ou une matière non renouvelable. Vous avez dit prodigieux ?
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1La biocapacité d’une zone biologiquement productive donnée désigne sa capacité à générer une
offre continue en ressources renouvelables et à absorber les déchets découlant de leur consommation.