Autour de la ruche
Les abeilles sont des acharnées du travail dit-on. Une abeille qui naît au printemps a une espérance de vie de 40 jours. Elle se tue à la tâche car sans relâche, enchaîne les petits boulots à gauche à droite. Durant les 20 premiers jours de sa courte vie, elle vaque aux activités intérieures de la ruche : nettoyeuse, nourrice, maçonne et enfin ventileuse.
Dans sa deuxième moitié de vie, elle ose enfin s’aventurer hors des quatre murs de la ruche. A tire-d’aile, elle s’essouffle à polliniser les fleurs pour récolter de quoi s’alimenter. Elle déploie ses ailes au premier rayon de soleil et termine son défilé aérien une fois le soleil couché. Pas de jours fériés, pas de syndicat, 7 jours sur 7, et sans maugréer. Le travail c’est la santé !
La science, à bien des égards, s’inspire de la nature pour améliorer notre quotidien d’être humain. Dame nature est notre source d’inspiration, on y puise les super pouvoirs des plantes et des animaux pour les répliquer à notre espèce, avec plus ou moins de succès (biomimétisme). On loue l’abeille pour son abnégation au travail et par mimétisme on aimerait bien lui ressembler. A tel point qu’on ne court plus, on galope. On doit être à l’effigie de l’abeille : multitâche, flexible, efficace. Pour s’organiser dans cette jungle d’activités on intronise notre agenda partagé où chaque créneau horaire se colore à l’image d’un arc-en-ciel, et où le blanc n’existe pas. Les rendez-vous s’enchaînent, il n’y a plus de vide, il n’y a plus d’espace pour laisser le temps au temps. Mais à ce rythme, on finit par s’essouffler.
L’abeille qui naît en octobre, quant à elle, voit son espérance de vie passer à 150 jours. Lorsqu’il pleut ou quand il fait froid, l’abeille se cloître dans sa maison. La vie moins trépidante de la ruche la préserve des affres du temps physiquement et physiologiquement. Moins d’activités et une vie au ralenti lui permet de multiplier son espérance de vie par quatre !
Alors, plutôt abeille de printemps ou plutôt abeille d’automne ? Pourquoi ne pas se mettre de temps en temps en mode veille. Ralentir pour plus de plaisir, fuir l’agenda pour consacrer autant de temps en mode actif qu’en mode passif. Car même si notre société sacralise l’abeille de printemps, il semblerait que se muer en abeille d’automne soit plus efficace pour durer.
La vie est comme un arc-en-ciel : il faut de la pluie et du soleil pour en voir les couleurs [1]
A très vite bientôt
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[1] Citation de A Ramaiya
